Du sud de Santiago jusqu’à Puerto Montt, qui marque le début de la Patagonie, se trouve une région beaucoup plus méconnue : l’Araucanie. Située à environ 700km au sud de Santiago, cette région tire son nom de l’héritage Mapuche (peuple aussi appelé Araucans par les colonisateurs Espagnols). Aujourd’hui, cette communauté amérindienne vit toujours majoritairement dans les campagnes d’Araucania et on estime sa population à plus d’un million, soit 6% de la population chilienne. La région doit également son nom à ses innombrables forêts d’Araucarias, ces arbres millénaires, sacrés du peuple Mapuche.
Mais on vient surtout en Araucanie pour la diversité de ses paysages, allant des forêts denses, à des lacs pittoresques en passant par des volcans parmi les plus impressionnants du Chili. Abritée par la Cordillère des Andes, la région des lacs et des volcans est réputée pour marquer les esprits et nous comptons bien nous y créer d’incroyables souvenirs.
3 jours au parc Conguillio & ses environs
En réalité, on aurait voulu y passer deux jours mais on a joué de malchance : on est arrivé un lundi et le parc était fermé. Et le mardi, quand on a voulu prendre nos entrées, on a découvert qu’il était complet. À minima, on a eu trois jours d’un temps extraordinaire, ce qui nous a permis d’approfondir notre découverte des environs du parc et même, d’avoir de belles surprises sur des étapes auxquelles nous n’avions pas pensé. Notre séjour prolongé dans la région nous a également permis de nous mettre en jambes pour les nombreuses randonnées qui nous attendaient cette semaine.
Le parc Conguillio se situe à 27 km de la petite ville de Curacautin (16 000 habitants). Si l’endroit ne présente que peu d’intérêt touristique, il permet de se ravitailler, d’avoir un accès à Internet et offre plusieurs types de services recherchés par les voyageurs (laverie, auberges,…).
À faire dans les environs du parc Conguillio :
Le lundi, lorsque l’on a trouvé le parc portes closes en arrivant à l’entrée, un guide de la CONAF (organisme national chargé de la gestion des forêts et des parcs naturels au Chili), nous a conseillé les sentiers de randonnées de la Laguna Negra (Laguna Negra Don Noro sur google maps pour le début du sentier de randonnée). L’endroit est situé à 11 km du parc Conguillio et à 22km de Curacautin. Mais juste avant de nous y rendre, on s'est arrêtés à deux mirador avec vues imprenables sur le volcan Llaima.
Le parc Conguillio :
Ce parc, qui est l’un de nos coups de cœur de la région, est tout simplement magnifique. Il offre la possibilité d’y effectuer plusieurs randonnées avec des paysages spectaculaires et des points de vue sur les volcans Llaima (3 125 m) et Sierra Nevada (2 100 m) ainsi que sur le lac Conguillio. 3 lagunes se trouvent également à l’intérieur du parc : Captren, Arco Iris et Verde.
Nous avons traversé le parc du nord au sud en voiture sans difficulté particulière. Nous avions lu à plusieurs reprises que la route pouvait être impraticable et on a longtemps hésité à rejoindre l’entrée sud par la route pour traverser le parc dans le sens inverse. Certains chemins sont en terre donc il est certain que des difficultés de circulations peuvent apparaître les jours de pluie. Ceci étant dit, la traversée du parc est tout à fait praticable et nous avons croisé énormément de véhicules qui n’étaient pas des 4X4.
L’entrée du parc coûte 6€ par personne pour les non-résidents.
→ Quelles randonnées au parc Conguillio ? : le parc est célèbre pour ses sentiers de randonnées puisqu’il en compte 13. Parmi les plus connus :
- La sublime randonnée de la Sierra Nevada est, sans doute, celle qui offre les plus belles vues sur le parc Conguillio et les volcans environnants : le départ de la randonnée se situe au cœur du parc. Le sentier fait 20 km et les guides de la CONAF indiquent qu’il faut 5 heures pour le parcourir (3 heures à l’aller et 2 heures au retour). Nous avons mis un peu moins de temps mais les temps communiqués sont globalement assez fiables. Sur le chemin 2 miradors, qui offrent des vues imprenables sur le lac Conguillio. Tout au long de la randonnée, on traverse des forêts d’araucarias et on a de superbes vues sur le volcan Llaima. La faune est également très riche à l’intérieur du parc : on y a, par exemple, croisé 4 condors perchés à la cime des arbres. Sur le chemin, plusieurs carrefours permettent également de rejoindre des cascades. En bref, cette randonnée vaut vraiment le coup d’œil.
→ A la recherche de randonnées complémentaires à faire dans la journée dans le parc Conguillio :
Ou à la recherche de randonnées plus globalement au Chili : ces deux sites sont supers (alltrails ; wikiloc), n'hésitez pas à les consulter. Mais on vous donne ci-dessous les plus connus.
- Sentier Laguna Captrén et sentier los Carpinteros (13km – 3H40) : il s’agit de deux sentiers de randonnées parmi les plus populaires du parc Conguillio qui peuvent être parcourus ensemble en raison de leur proximité. Le premier est le sentier de la Laguna Captrén qui longe un impressionnant miroir d’eau entouré de forêt dans lequel se reflète l’imposant volcan Llaima. Le second s’enfonce dans la forêt tout près du camping largo Conguillio. Ce sentier permet également de passer devant l’Araucaria Madre, le plus vieil araucaria au monde, âgé d’environ 1800 ans.
- Le sentier Truful Truful : petite boucle d’environ 1,3 km à l’entrée du parc. Il faut une vingtaine de minutes pour la parcourir. Le parcours offre de belles vues sur la rivière et une imposante cascade que l’on admire depuis une plateforme en bois.
- Les lagunes vertes (verde) et arc-en-ciel (arco-iris) : ces sentiers sont particulièrement adaptés aux familles et aux enfants puisqu’ils sont très faciles et font entre 1 et 2 km de distance. L’intérêt de ces lagunes sont leurs couleurs, très photogéniques. Du vert, du turquoise, du transparent : voilà les couleurs de ces lacs que l’on atteint facilement. La lagune arco-iris contient également des centaines de troncs au fond de l’eau et permettent de donner cette coloration arc-en-ciel.
- Le parcours éducatif audioguidé Las Araucarias (1H) : il comporte 12 arrêts dans une forêt d’araucarias avec des panneaux explicatifs du parc, de sa faune et de sa flore.
Infos sur les parcs naturels en Araucania
La plupart des parcs en Araucania sont fermés le lundi. Ces fermetures permettent à la CONAF d’entretenir les parcs mais aussi les routes (ou plutôt chemin de terre) qui les traversent (et parfois croyez-nous, ce n’est pas du luxe). Il est donc bien nécessaire d’avoir cette information en tête avant de s’y rendre.
La réservation des parcs se fait sur le site de la CONAF uniquement. Aucune entrée ne se vend à l’entrée des parcs et pensez à réserver avant d’arriver car vous n’aurez souvent aucun réseau Internet sur place.
Enfin, il convient d’être vigilant entre le 1er janvier et le 10 mars, c’est la période la plus sollicitée, puisqu’elle correspond à la période de vacances d’été des enfants chiliens et beaucoup d’habitants de Santiago privilégient cette région pour y passer l’été au frais. Les parcs sont donc souvent complets plusieurs jours à l’avance. Mieux vaut donc anticiper si l’on veut éviter de rester bloqués comme nous, à attendre plusieurs jours que le parc affiche de la disponibilité.
2 jours à Villarrica & ses environs
→ Les villes de Villarrica & Pucon :
Ces deux villes très touristiques séparées par une vingtaine de kilomètres, ont en commun d’être situées sur les bords du lac Villarrica et d’offrir de superbes panoramas sur le volcan du même nom. Agréables avec leurs plages de sables volcaniques et leur promenades en bord de lac, ces deux villages possèdent également une offre de commerces très variée (bars, restaurants, mais aussi boutiques spécialisées dans les équipements de plein air, …). En bref, ces deux villages aux allures de montagne avec leurs chalets en bois, constituent une base agréable et un bon point de départ pour l’ensemble des activités environnantes.
De notre côté, on a fait le choix de loger à Villarrica que l’on trouve globalement plus calme, plus chilienne et légèrement moins touristique que Pucon.
→ Ascension du volcan Villarica : il s’agit d’un de l’un des principaux points d’intérêts entourant ces deux villes. Situé dans le parc national de Villarrica, ce volcan imposant et majestueux domine la région du haut de ses 2 847 m. C’est aussi l’un des volcans les plus actifs de la région et d’Amérique du sud en général, il fait l’objet d’une étroite surveillance : sa dernière éruption datant de 1985.
L’ascension du volcan est possible toute l’année mais l’absence de neige en été et la météo facilitent grandement la randonnée. L’ascension se fait sur une journée de 6H30 à 16H00 environ. Il faut compter 3 heures pour monter (6 heures si le télésiège ne fonctionne pas comme c’est le cas actuellement), pour un dénivelé de 1 050 m. Au sommet, le volcan offre une vue panoramique à 360° sur 7 volcans et plusieurs lacs.
Une grosse partie des agences de tourisme de Pucon et Villarrica propose cette ascension. Malheureusement pour nous ce fut un échec. Le volcan est, depuis le 8 novembre 2022, en alerte jaune, en raison d'une augmentation de l’activité volcanique, et l’accès au cratère est interdit.
Les quelques locaux avec qui nous avons échangé nous ont tous avoué que le pallier maximum autorisé n’offrait pas d’aussi belles vues sur le volcan et la région. C’est la raison pour laquelle de plus en plus d’agences proposent des ascensions sur des volcans environnants en ce moment. Et pour le prix (une centaine d’euros par personne environ), on s’est dit qu’on préférait laisser notre place. On prévoit une nouvelle ascension dans les prochains jours, au volcan Osorno. Et en attendant, quitte à être à Pucon, on se console avec la découverte du parc Huerquehue.
→ Le parc Huerquehue :
Le parc, situé à 34 km de Pucon, dispose de 2 sentiers de randonnées principaux avec des points de vue panoramiques sur les montagnes environnantes, les forêts anciennes et les des cascades. Mais les principaux attraits de ce parc sont ses lacs cristallins : les lacs Chico, Verde et Toro, entourés par une végétation luxuriante.
- Sentier Los Lagos : la randonnée fait passer par 4 lacs et 2 cascades et offre quelques points de vue sur le volcan Villarrica et le lac Tiquilco. Le chemin aller/retour fait 13 km avec 768 m de dénivelé. Les guides de la CONAF à l’entrée indiquent un temps de parcours indicatif de 5H (nous l’avons fait légèrement plus rapidement). Attention toutefois : le parking gratuit de la CONAF est situé à 30 minutes à pied de l’entrée du parc. Il y a un parking privé juste à l’entrée (qui n’est accessible qu’en 4X4 par contre) mais en bon propriétaire chilien, il le fait payer 2€. 2 options pour accéder au parc depuis le parking de la CONAF : soit par la forêt, soit par la route. Le chemin par la route est légèrement plus rapide mais il est assez pénible.
- Sentier San Sebastian : le chemin mène au point de vue de Saint-Sébastien qui culmine à 1 800 m d’altitude. Le chemin permet la traversée de forêts d’araucarias millénaires et d’avoir des vues panoramiques sur les volcans de la région (Villarrica, Quetrupillan, Quinquilil, Lanin, Llaima, Sollipulli).
Suite à quelques soucis avec notre voiture, on est arrivés assez tardivement au parc (12H30) et nous n’avons pas pu faire le sentier San Sebastian qui était déjà fermé. On a donc opté pour le sentier de Los Lagos. À part si vous y allez en famille et que vous essayez de trouver des randonnées sans trop de temps de marche, on ne vous recommande pas le sentier Los Lagos que l’on a personnellement trouvé assez quelconque. La randonnée ne présente aucune difficulté particulière et nous avons eu la chance d’avoir un grand soleil tout le long mais on n’a pas trouvé les points de vue extraordinaires par rapport à ce que nous avions pu voir précédemment au parc Conguillio, par exemple.
1 journée à l’ascension du volcan Osorno & découverte des villages de Puerto Octay, Frutillar et Petrohue
Faute d’avoir pu faire l’ascension du volcan Villarrica, on s’est consolé avec celle du volcan Osorno. On avait trouvé assez peu d’informations sur cette ascension en amont, donc on est content de pouvoir partager notre expérience ci-dessous.
En chemin vers Petrohue (notre village étape) depuis Villarrica, nous avons fait deux arrêts dans les villages de Puerto Octay et Frutillar (partie basse). Ces deux villes ont en commun de se trouver sur les bords du lac Llanquihue et d’offrir de magnifiques panoramas sur le volcan Osorno et son sommet enneigé (même l’été). Largement influencés par l’immigration allemande, ces deux villages se démarquent par leur architecture typique en bois, créant une atmosphère chaleureuse et pittoresque.
→ Puerto Octay est la plus petite des deux villes : elle se parcourt rapidement à pied. Parmi les principaux points d’intérêts de la ville son église San Augustin : qui se distingue par son architecture traditionnelle en bois et ses 2 miradors qui offrent des vues imprenables sur le lac Llanquihue et les majestueux volcans environnants. A quelques kilomètres de la ville, nous avons eu un coup de cœur pour la plage Maiten, qui offre une vue imprenable sur le volcan Osorno (mais attention, on est au Chili et le propriétaire fait payer le stationnement sur la plage : le prix était indiqué quand nous y sommes allés mais il n’y avait personne pour contrôler).
→ Frutillar (partie basse, la partie haute ne présente que peu d’intérêt touristique) est un peu plus vaste et tout aussi charmante. De nombreux commerces, café et restaurants jonchent la promenade en bord de lac et sa plage de sable volcanique permet de s’y poser une après-midi si le temps le permet ou pour pique-niquer. On retient également de Frutillar son ponton qui avance sur le lac avec le volcan Osorno en toile de fond et l’architecture de son théâtre qui proposerait l’une des meilleures programmations du Chili.
Pourquoi les villages du bord du fleuve Llanquehue nous rappelle l’Allemagne, la Suisse et l’Autriche ?
Au Chili, la présence des colons allemands remonte principalement au 19ème siècle. Vers les années 1840, le gouvernement chilien qui souhaitait s’assurer de la souveraineté du pays face au peuple Mapuche, a encouragé l’immigration européenne pour favoriser le développement économique et l’expansion agricole. Ainsi, des milliers colons allemands, attirés par les opportunités offertes, se sont établis dans certaines régions du sud du Chili, notamment dans les provinces de Valvidia et Llanquihue. L’impact culturel des colons allemands au Chili est toujours perceptible aujourd’hui, notamment dans l’architecture, la cuisine et les traditions locales de certaines régions du sud du Chili.
→ Le volcan Osorno : avec son cône symétrique, souvent enneigé, et son glacier au sommet, atteint une altitude de 2 652 mètres. Le volcan constitue un lieu d’intérêt majeur de la région, offrant des vues époustouflantes sur les lacs et les volcans environnants. La veille, nous avions passé la nuit au village d'Ensenada (commune de Puerto Varas proche de Petrohue). Nous concernant, le village n’aura été qu’un point étape mais beaucoup de visiteurs se rendent à Petrohue pour faire la traversée du lac en catamaran jusqu’à Peulla qui permet d’avoir une vue sur le volcan Osorno mais aussi sur les sommets des volcans Puntiagudo (au Nord) et Tronador (à l’Est).
Deux options pour accéder au volcan Osorno :
- Faire la randonnée du Paseo de la Desolacion : le sentier, qui fait une dizaine de kilomètres (compter 5 à 6H pour arriver au refuge de la Picada), est réputé difficile surtout en hiver lorsqu’il y a de la neige. Son nom traduit en français « passage de la désolation » évoque d’ailleurs probablement la beauté sauvage et parfois austère de la région montagneuse. Le départ de la randonnée se fait derrière le musée de Los Pioneros et l’accès y est gratuit. En haut, la vue y serait sublime et le panorama sur le volcan Osorno époustouflant. On ne l’a personnellement pas testé puisqu’on a préféré tenter l’ascension depuis le centre de ski ci-dessous.
- Commencer l’ascension depuis le centre de ski : au niveau de la station, se trouve un gros parking et le point de départ du télésiège conduisant jusqu’au glacier du volcan Osorno. En réalité, il s’agit de deux télésièges l'un à la suite de l'autre : le premier conduisant jusqu’au Crater Rojo et le second jusqu’au glacier. On a trouvé les prix vraiment exagérés par rapport au temps de voyage, d’autant qu’à l’arrivée de chaque télésiège il vous faudra encore marcher une quinzaine de minutes avant d’arriver sur chaque point de vue, on s’est donc décidé de faire la randonnée à pied jusqu’au sommet.
Où manger en Araucania ?
On termine cet article par une petite parenthèse culinaire. En tour du monde, on contrôle quelque peu notre budget restaurant. On vous conseille toutefois une bonne adresse à Puerto Varas, une ville de passage, que l’on a testé au retour de notre ascension du volcan Osorno :
Coucou Coralie et Quentin
C’est un super programme !! A votre retour, vous ne verrez plus la vie de la même façon, car vous allez rentrer avec souvenirs de paysages incroyables, des anecdotes, de belles rencontres aussi.
Profitez bien !
Sinon, nous ça va.. la routine quoi.. on bosse, au cas où tu voudrais savoir Coralie 😂
Bise
Gracias por los textos, por las fotos, y por hacernos viajar!
Muchos recuerdos